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Salmonelles : Lancement d'un projet de recherche

Le-saviez-vous-Marie-Lang
25/04/2022

Bioarmor lance un projet de recherche pour établir un modèle prédictif sur les Salmonelles, basé sur le modèle nématode. Marie Lang, cheffe de projet scientifique, a récemment publié une étude portant sur la régulation de la colonisation du système digestif du nématode Caenorhabditis elegans par la bactérie Salmonella typhimurium grâce aux huiles essentielles. Un modèle prometteur s’il s’avère prédictif.


Les attentes sociétales étant de plus en plus fortes concernant une alimentation carnée pérenne, issue d’élevages n’utilisant pas ou peu d’antibiotiques, la pression devient aussi de plus en plus importante en termes de bactéries zoonotiques. C’est le cas des Salmonelles et des Campylobacter, particulièrement présents chez les volailles. Or les contrôles agricoles peuvent déboucher, on le sait, sur des prélèvements d’animaux et entraîner des pertes économiques importantes. D’un point de vue sanitaire, les campylobactérioses et salmonelloses représentent les deux premières causes de toxi-infections en France et en Europe, avec respectivement 392 177 et 183 002 cas annuels estimés sur la période 2009-2013 en France.

Dans ce contexte, le besoin d’alternatives aux antibiotiques devient essentiel, souligne Marie Lang.

Mais cette recherche a un coût :

Si les essais in vitro sont courants, ils ne sont pourtant pas forcément révélateurs de ce qui se passe à l’intérieur de l’animal. Les stations expérimentales proposent des modèles in vivo, mais cela représente un coût important pour la recherche et limite donc le nombre de candidats testés. Sans compter les préoccupations grandissantes quant au bien-être animal, car il faut garder à l’esprit que ces animaux ayant servi aux recherches sont supprimés à la fin de l’étude.

Bioarmor a donc concentré ses efforts pour développer un modèle prédictif à partir du nématode C. elegans, sensible à différentes bactéries pathogènes, dont les Salmonelles : celles-ci viennent coloniser son système digestif de la même manière qu’elles le feraient chez un animal de rente.

Action sur la motilité bactérienne

Les résultats d’une étude menée à la suite d’une infection puis d’un traitement ont mis en évidence que les huiles essentielles permettent de réduire la présence des bactéries de façon significative. Mais pas selon un effet antibiotique ! Les huiles essentielles actives ont en fait modulé la motilité bactérienne (selon le phénomène de « swimming » bactérien). C’est l’inhibition de sa capacité à se mouvoir sur une surface qui a permis de réduire le taux de colonisation du système digestif à de faibles concentrations actives (au-delà des concentrations minimales bactéricides).

Cette activité anticolonisatrice (créée par cette capacité d’empêcher la bactérie de se déplacer) apparaît particulièrement marquée avec la cannelle ou la girofle.« L’idée est de potentialiser ce modèle pour le rendre prédictif », explique Marie Lang, qui indique que ce sera précisément l’objectif du projet REZOLVE, subventionné par la Région Bretagne et mené en collaboration avec l’unité HQPAP de l’Anses de Ploufragan et le laboratoire de Biotechnologie et Chimie Marines de l’UBS.

Plusieurs séquences d’essais, menés sur trois ans, vont nous permettre d’étudier la concordance entre les tests sur nématodes et ceux réalisés en station expérimentale, ce qui nous permettra de valider la prédictivité de ce modèle. Nous ferons la même chose avec Campylobacter dans un second temps. La publication de cette première étude entraîne une bonne valorisation de nos travaux auprès de la communauté scientifique, ce qui est très positif pour nous, conclut la chercheuse.